• Chapitre 4 L'oiseau qui peut rugir

    A partir de ce fameux jour dans la grande salle, où Serdaigle remporta une guerre psychologique contre Serpentard comme l'évoquait Matilda, le temps fila à une vitesse remarquable. Excepté peut-être en cours d'histoire de la magie et en Potions. Le Professeur Rogue n'était pas vraiment ce que l'on pouvait appeler un modèle de pédagogie. Même le dernier jour de cours, il trouva le moyen de nous donner une interrogation sur la fabrication de la potion « sans rêve » qui était sensée anéantir tous les cauchemars et se présentait sous la forme d'un liquide blanc. Or, celle que j'avais préparée avec Lucy était…

    "- Grise, Miss Greengrass, tonna le directeur de Serpentard avec humeur tandis que je baissai les yeux terrifié, Miss Coburn, dit-il en se tournant vers Lucy qui écarquilla les yeux, êtes-vous totalement fumiste, ou bien juste incapable de suivre des instructions écrites au tableau ?"

    Il s'éloigna rapidement en faisant virevolter sa robe de sorcier d'un noir d'encre. Lucy marmonna dans sa barbe en baissant les yeux, je lui donnai le plus discrètement possible un coup de coude dans les côtes, qui me valut un regard de reproche, mais le maître des potions, annonça d'une voix froide sans se retourner :

    "- Dix points de moins pour Serdaigle, à cause de l'insolence de Miss Coburn."

    Matilda et Susie, à la table en face de la nôtre, se retournèrent pour nous adresser un regard désolé. Je soupirai, il fallait croire que le Professeur Rogue, avait une ouïe au-dessus de la normale, car même moi, qui n'était qu'à quelques centimètres de Lucy, je n'avais pas compris un traître mot. Il dépassa Stewart et Edward qui se ratatinèrent sur place, et alla tourmenter les trois malheureux élèves de Gryffondor qui n'avaient rien demandé. Quand la fin du cours arriva, nous nous empressâmes de ranger nos affaires pour quitter cet endroit abominable. Les garçons nous abandonnèrent pour filer à la bibliothèque au pas de course, Rogue ayant décidé que le seul remède à notre inénarrable ignorance restait encore de lui fournir deux rouleaux de parchemins sur la potion sans rêves.

    "- Enfin ça aurait pu être pire, dit Matilda, tandis que nous remontions des cachots, si nous avions été à Gryffondor, il vous aurait certainement donné une retenue et vous aurait enlevé cinquante points chacune.

    - Matilda a raison, remarqua Susie, Rogue s'acharne tellement à enlever des points à Gryffondor que j'avoue avoir du mal à comprendre comment ils ont pu gagner la coupe des quatre maisons trois fois de suite.

    - Il n'empêche que c'est injuste, affirmai-je, nous avons suivi ses instructions à la lettre, je lui ai pourtant dit que les écailles de dragon séchées étaient périmées, mais il n'a rien voulu savoir.

    - Cherche pas, bougonna Lucy, il rumine sa mauvaise humeur depuis que Sirius Black s'est fait la malle.

    - Voir l'Ordre de Merlin vous filer sous le nez, il y a de quoi l'avoir mauvaise, concéda Susie.

    - Surtout sous le sien, ajoutai-je perfide.

    - Tory !" Me reprit Matilda, en m'adressant un regard de reproche, où je pouvais voir une pointe d'amusement.

    Nous éclatâmes de rire. De nous quatre, Matilda était certainement la plus « Serdaigle ». D'un naturel calme et enjoué, elle était toujours souriante et affable, réfléchie et pondérée. Matilda parlait peu, mais quand elle le faisait, ses propos étaient toujours justes et bien choisis. D'une humeur égale, je ne l'avais jamais vu piquer une crise de colère, où s'enfoncer dans une profonde déprime. En toute circonstance elle gardait une parfaite maîtrise d'elle-même, qui me faisait penser que Père l'aurait sans doute beaucoup appréciée. Mais il ne voulait pas connaître mes fréquentations. J'en avais été profondément blessée, mais c'est Matilda qui m'avait fait voir les choses sous un autre angle : « Ce n'est pas une lettre de blâme Tory, m'avait-elle dit de sa voix douce, au contraire. Je crois, qu'il essaye de concilier deux tendances qui doivent être difficile à concevoir pour un aristocrate : accepter le fait que les choses changent, sans pour autant renier son éducation et ses valeurs. Tu ne devrais pas le juger trop durement, certes ce n'est pas une totale approbation, mais il ne s'agît pas non plus de l'avalanche de reproches que te prédisait ta sœur. » Et, comme toujours, force m'était d'admettre qu'elle avait raison.

    Daphnée tomba littéralement des nues quand elle reçut une lettre de Mère, l'informant de la « bienveillance » de notre père à mon égard. Une bienveillance, qui l'obligeait à respecter un minimum de discrétion à mon égard. Hector Greengrass, n'accepterait pas que ses filles se livrent à un pugilat puéril à Poudlard. Un Greengrass ne se donne pas en spectacle. Elle en fut si amère, qu'elle ne pouvait s'empêcher d'arborer un rictus dégoûté, à chaque fois que nous nous croisions dans les couloirs. Mais, même si cela semblait lui coûter, elle s'efforçait de respecter les recommandations maternelles, cependant, en bonne élève de Serpentard qu'elle était, ma sœur chargea ses amies, de me mener une vie infernale. C'est ainsi que Pansy, Millicent Bulstrode et les autres filles de troisième année, ne manquaient jamais une occasion de m'humilier quand elles le pouvaient. Et justement…

    "- Tiens tiens, dit la voix nasillarde de cette chère Pansy tandis que nous émergions des cachots, mais c'est ce cher petit oisillon d'Astoria ! S'exclama-t-elle d'un air mauvais, alors on a apprécié son cours de potion ?

    - Va te faire cuire une bouse de dragon Pansy", répliquai-je toujours de mauvaise humeur.

    Entre la mauvaise foi de Rogue et ses sarcasmes, j'avais ma dose de remarques sibyllines pour la journée. Pansy haussa un sourcil surpris, elle n'avait pas vraiment l'habitude que je lui réponde et vraisemblablement elle avait du mal à comprendre ce qu'il venait de se passer. Derrière elle, la cohorte des élèves de Serpentard commençait à s'attrouper. Mauvais présage, pensai-je, quatre Serdaigles contre une foule de reptiles, les choses se présentaient mal…

    "- Oh mais c'est qu'elle mordrait ! Se moqua cette petite peste en déclenchant l'hilarité des élèves de sa maison.

    - Tu sais quoi Pansy ? Intervînt Susie d'un ton las, j'ai un plan pour toi : soit tu trouves quelqu'un que tes remarques amusent, soit tu passes à autre chose, s'en prendre à Tory pour un truc dont elle n'est pas responsable, c'est juste pathétique ma vieille, ajouta mon amie en insistant sur le mot « vieille ».

    Susie lui lança un regard si méprisant que je me serais presque sentie mal à l'aise pour elle. Quand Susan Whitehorn vous prenait de haut en vous foudroyant de son regard bleu acier, ça ne laissait personne indifférent. Elle avait une autorité naturelle, qui, en dépit de son jeune âge, laissait présager qu'à l'âge adulte, Susie serait sans aucun doute une réplique parfaite du professeur McGonagall. Elle avait déjà un sacré caractère et ne laissait personne lui marcher sur les pieds. Sans ciller le moins du monde, elle se planta devant Parkinson et la toisa de toute sa superbe, je vis très distinctement des élèves de Serpentard baisser les yeux vers leurs chaussures, soudain mal à l'aise. Une réaction guère étonnante en vérité. Une réaction intelligente, car Susie n'était pas du genre à admettre la réplique. Seulement voilà, s'il y avait une chose qui ne caractérisait pas Pansy Parkinson, c'était bien l'intelligence.

    "- Mais pour qui elle se prend celle-là ? Glapit-elle les yeux exorbités, tu penses impressionner quelqu'un Whitehorn ? Se moqua-t-elle, entre des professeurs loup-garous et des élèves de première année qui s'imaginent pouvoir tenir tête à leurs aînés, cette école n'est plus ce qu'elle était, il va peut-être falloir t'apprendre ce qu'est le respect Whitehorn.

    - Le respect ça se mérite tronche de pékinois", lança Lucy avec un sourire carnassier.

    Elle était restée en retrait jusque-là, négligemment appuyée contre le mur des escaliers qui menait au cours de potions. A présent, la plupart des élèves de troisième année s'étaient regroupés, attirés par notre petite joute oratoire. Pansy blêmit en entendant la voix de Lucy claquer en provoquant quelques ricanements appréciateurs chez ses camarades de promotion. De toutes mes amies, Lucy était la seule qui fut en mesure de couper la chique à cette abominable Parkinson. Ce dont elle ne se privait jamais, pour mon plus grand bonheur.

    "- Ce que ma chère amie Lucy essaye de t'expliquer Pansy, dis-je d'une vois détachée, c'est que lorsqu'on s'en prend à des premières années, parce qu'on est à la fois trop bête et trop lâche pour s'attaquer aux élèves de son âge, on évite de jouer les donneuses de leçons, ça peut faire mal quand on se prend un retour de bâton.

    - Si Pansy a des leçons de respect à apprendre, toi en revanche ce serait peut-être des leçons de courage que tu devrais envisager, claqua la voix méprisante de Daphnée dans le dos de la foule d' élèves qui se fendit pour la laisser passer, se cacher derrière ses amies n'a rien d'honorable…Tory.

    - Le mot courage dans la bouche d'un Serpentard, ce n'est ni plus ni moins qu'une mauvaise blague", répondis-je sur le même ton en la foudroyant du regard.

    Daphnée écarquilla des yeux furieux et sembla chercher une injure suffisamment blessante qui ne vînt pourtant pas. Le groupe d'élèves autour de nous regardait la scène médusé, tandis que ma sœur et moi nous nous défiâmes du regard. Matilda posa doucement sa main sur mon bras, tentative plutôt vaine pour m'apaiser, mais cela ne fonctionna pas.

    "- Ma pauvre Daphnée ! S'exclama Pansy d'une voix forte en arborant un air faussement désolé, je te plains sincèrement, avoir une sœur Traître à son sang, quand on sait tous les efforts que tu déploies pour être appréciée de tous ! La vie est vraiment cruelle parfois !

    - La ferme Pansy, éructa Lucy dans un cri de colère.

    - Et en quoi suis-je une traîtresse à mon sang ? Demandai-je d'une voix glaciale.

    - As-tu réellement besoin de le demander petite Greengrass ?" Avança une voix douce et étonnement plaisante.

    Je fis volte-face et tombait nez-à-nez avec le plus grand garçon que j'eusse jamais vu. La révérence avec laquelle les autres élèves de Serpentard le regardaient, me donna la chair de poule. Je levai la tête et me retrouvai foudroyée par deux yeux bleus-gris qui suintaient le mépris et la suffisance. Du coin de l'œil, je vis Daphnée devenir pâle comme la mort, horrifiée à l'idée que j'ai pu attirer l'attention du plus redouté des élèves de Poudlard. Mes amies serrèrent les rangs autour de moi, tandis que Drago Malefoy, escorté de Blaise Zabini et de Théodore Nott, me dominait de toute sa superbe. Je me ratatinais sur place tandis qu'il me gratifia d'un sourire satisfait :

    "- Une Greengrass à Serdaigle, dit-il dans un reniflement de dédain, vraiment, la noblesse sorcière n'est plus ce qu'elle était.

    - De toute évidence, répliquai-je piquée au vif, toi et moi Malefoy, nous n'avons pas la même définition de ce que doit être la noblesse."

    Je le vis hausser les sourcils surpris, tandis qu'un sourire amusé bien que discret se dessinait sur les lèvres de Zabini, qui se délectait d'avance de la petite confrontation. Malefoy se pencha vers moi et darda ses yeux à l'éclat métallique où brillait une lueur mauvaise, sur mon visage. Il était bigrement impressionnant pour un adolescent de treize ans. Sa grande taille, ses épaules déjà larges, je me traitais mentalement d'idiote d'avoir déclenché une dispute avec Pansy. Merlin pourquoi lui-avais-je répondu ? Cette peste de Parkinson jubilait dans le dos de Malefoy, de me voir en si mauvaise posture.

    "- Venant d'une petite fille qui a jeté le discrédit sur toute sa famille en méprisant Serpentard et qui se couvre de ridicule en se mêlant avec le commun, il adressa un regard dégoûté à mes amies, j'estime ne pas avoir de leçons à recevoir, petite Greengrass.

    - De la part d'un garçon aussi prétentieux qu'arrogant, je prends ça pour un compliment", répondis-je en évitant toutefois le regard intense qu'il m'adressait.

    Le sourire de Zabini s'élargit encore davantage, tandis que les élèves présents commençaient à ricaner. Malefoy tiqua et adressa à l'attroupement un regard meurtrier qui eût un effet immédiat. Pansy se figea dans une attitude de stupeur grotesque, elle porta sa main à sa bouche qui formait un « oh » choqué, que je jugeais vulgaire. Daphnée s'était quant à elle littéralement pétrifiée, les yeux grands ouverts, elle n'osait plus faire le moindre mouvement, de peur sans doute d'attirer les foudres du « Grand Drago Malefoy ».

    "- Apprends petite fille, que je suis un aristocrate, articula-t-il soigneusement en me donnant l'impression qu'il s'adressait à une simple d'esprit, je me conduis en noble, selon le rang qui est le mien."

    J'entendis distinctement Matilda toussoter pour dissimuler une hilarité naissante, tandis que Susie renifla avec dédain. Malefoy noble ? Ça n'arrivera que lorsque les hippogriffes auront des poils, ou que Tante Aglaé nous réveillera en chantant. Lucy lui lança un regard équivoque en retenant à grand-peine une exclamation de moquerie. Un regard réfrigérant de Malefoy suffit néanmoins à éradiquer toute volonté de rébellion. Le courage n'était pas la caractéristique première des Serdaigles…pourtant, sans que je ne sache véritablement pourquoi, ni comment, je lâchais d'une voix claire, les yeux fixés sur mes souliers vernis :

    "- Se déguiser en fille et monter sur les épaules d'un de tes larbins en plein match de Quidditch pour tenter de faire perdre Gryffondor en intimidant Harry Potter, c'est cela que tu appelles te conduire avec noblesse ? Et c'est moi qui me couvre de ridicule ? Serdaigle n'a pas besoin d'avoir recourt à des stratagèmes aussi lamentables pour prouver sa valeur, la noblesse ne consiste pas à n'être qu'un fils à papa pourri gâté, Malefoy, c'est un peu plus complexe que ça," lançai-je soudainement furieuse.

    Cette fois-ci il ne pût rien pour éviter l''hilarité générale. Relevant la tête, je croisai le regard éperdu de Lucy qui se mordait la lèvre. Elle rayonnait de fierté, tandis que Susie éclatait d'un rire homérique. Matilda m'adressa un sourire contenu, mais je pouvais voir l'éclat d'amusement scintiller dans ses prunelles sombres. Ce n'était pas tous les jours qu'un Serdaigle mettait quelqu'un en boîte. Surtout quelqu'un comme Drago Malefoy. Je tournais les yeux vers lui. Son visage, habituellement impassible, était littéralement tordu par la rage, ses joues rouges de honte s'harmonisaient à merveille avec le pli de fureur de sa bouche fine. Visiblement, le Prince des Serpentard n'avait pas l'habitude de se faire rabattre le caquet. Levant mon visage vers ses yeux si particuliers, je pus constater qu'ils avaient l'éclat de la glace et je sentis une pierre tomber sur mon estomac. On ne se moque pas impunément d'un Malefoy. Me dardant d'un regard meurtrier, Drago se pencha vers moi, comme un serpent se préparant à mordre et souffla d'une voix sourde les dents serrées :

    "- Qu'est-ce que tu as dit ? Demanda-t-il le visage à quelques centimètres du mien, qu'est-ce que tu as osé me dire ? Répéta-t-il avec une fureur rentrée.

    - Parce qu'il est sourd en plus, musa Susie, qui avait eu toutes les peines du monde à se contenir de répliquer jusqu'à présent.

    - Toi, la Sang-de-Bourbe, je te conseille de te taire", lâcha-t-il sans même lui accorder un regard.

    Un silence de mort s'abattit soudain sur l'assemblée. Là où l'on avait entendu des rires quelques minutes plus tôt, il n'y avait à présent que des chuchotements et des exclamations de stupeur. Susie se raidit sous l'insulte, tandis que Matilda retenait à grand-peine Lucy dont les yeux s'agrandirent démesurément de fureur. Je sentis mon cœur battre une chamade désordonnée, ma respiration devînt hachée, alors que Malefoy savourait le malaise qu'il venait de provoquer. Son sourire de satisfaction revînt flotter sur ses lèvres, tandis qu'il me narguait d'un air mauvais. Ce fut à mon tour d'être furieuse. Sans réfléchir le moins du monde aux conséquences, sans même penser que ce que j'allais faire était absurde, sans imaginer une seule seconde que j'allais m'attirer de nombreux ennuis, je lui décochais la gifle la plus magistrale dont j'étais capable. C'était arrivé si vite, que je n'eus même pas le temps de réaliser ce que j'avais fait. Dans un « clac ! » sonore, ma main s'abattit à la vitesse de l'éclair sur la joue pâle de Drago, qui vacilla sous le choc.

    Tous ceux qui étaient présents, ouvrirent des yeux ronds, en voyant Malefoy porter la main à sa joue gauche, les yeux agrandis de stupeur, tandis qu'une rougeur nette sur sa peau pâle dessinait la marque de ma main. Pendant un instant je crus que ma sœur et Pansy allaient faire une crise d'apoplexie, avec leurs yeux qui menaçaient de sortir de leurs orbites et leurs mines gris cendre. J'y avais mis toutes mes forces, tant la suffisance de ce garçon, dont Daphnée m'avait rabattu les oreilles pendant ces deux dernières années, me rendait malade si bien que ma main gauche commençait à devenir douloureuse. Malefoy suffoqua de honte et de rage mêlée, la main sur sa baguette, quand une ombre noir jaillit des cachots :

    "- Qu'est-ce qui se passe ici ? Cria le Professeur Rogue au comble de la fureur, je peux savoir pourquoi mes élèves de troisième année ne sont pas fichus d'arriver à l'heure à mon cours ? Cria-t-il plus fort sans que cela n'attire l'attention de quiconque. Surpris, il fendit la foule des élèves pour se retrouver entre moi et Malefoy, Monsieur Malefoy, reprit-il un ton en-dessous, j'exige des explications.

    - Cette furie, dit-il en me désignant du doigt, les yeux aussi ronds qu'une vieille chouette, m'a littéralement sauté dessus, alors que je tentais d'apaiser la dispute qu'elle avait déclenchée avec Pansy.

    - Miss Greengrass, dit le maître des potions en se tournant vers moi, et bien Miss, je ne vous croyais pas capable d'une telle chose.

    - C'est faux professeur, tenta de plaider Matilda, les Serpentards nous ont provoqués et insultés en sortant de votre cour, Malefoy s'en est mêlé, il a insulté Susie en la traitant de Sang-de…enfin de « vous-savez-quoi », se reprit-elle in extremis, professeur je vous assure que ça ne s'est pas du tout passé comme l'a dit Drago.

    - Donc, dit Rogue en nous gratifiant d'un regard soupçonneux, monsieur Malefoy est un menteur ?

    - Oui dit Lucy avec force.

    - Miss Greengrass, dit-il en posant ses yeux d'un noir d'encre sur moi, avez-vous oui ou non frappé monsieur Malefoy ?

    - Oui, dis-je en baissant la tête.

    - Elle l'a fait parce que cet abominable crétin arrogant a insulté Susie ! S'emporta Lucy.

    - J'enlève 50 points à Serdaigle pour votre geste Miss Greengrass, et vous serez en retenue durant cette dernière semaine de classe avant les vacances, annonça le professeur d'une voix lente sous le regard satisfait des Serpentard qui jubilaient intérieurement, peut-être que le récurage de chaudron vous apprendra à vous comporter différemment , tant qu'à vous Miss Coburn, j'enlève 50 points de plus à votre maison et vous mets en retenue jusqu'aux vacances, pour votre manque de respect total envers votre camarade, ajouta le maître des potions avec un sourire torve, il se tourna vers les élèves de sa maison puis ajouta d'une voix forte, comment est-on sensé favoriser la bonne entente entre les maisons si l'on ne sévit pas les élèves qui désobéissent ouvertement à cette ligne de conduite? Votre étroitesse d'esprit et votre intolérance sont indignes de cette école Miss Coburn, dit le maître des potions en se délectant de chaque mot, quand on pense que vous êtes à Serdaigle !"

    D'un geste prompt il intima aux élèves de le suivre dans les cachots. Nous nous regardâmes écœurées par le procédé typiquement Serpantardien auquel nous venions d'assister. Si j'avais béni l'arrivée impromptue du Professeur Rogue, je m'en mordais à présent les doigts. Espérer du directeur de Serpentard qu'il demeure impartial était à peu près aussi sensé que croire en l'existence des Ronflaks Cornus. Les troisièmes années nous dépassèrent, certains nous adressant des regards de sympathie d'autres, beaucoup plus moqueurs. Daphnée s'arrêta un instant devant moi, tremblante de rage, je crus un instant qu'elle allait de nouveau me hurler dessus, comme elle l'avait fait dans le train le jour de la rentrée, mais ses amies la tirèrent par le bras pour l'entraîner vers le cours de potions, où elle se laissa guider à regret.

    "- Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui m'a pris ? Me lamentai-je alors que nous venions de nous arriver dans notre salle commune en massant ma main douloureuse.

    - T'inquiète pas Tory, me dit Lucy, tu as fait ce qu'il fallait.

    - Oui tu as été juste, approuvèrent Matilda et Susie.

    - Mais j'ai frappé Malefoy ! M'exclamai-je, Daphnée va me rendre la vie impossible après ça, je vais y avoir droit pendant toutes les vacances, Mère sera furieuse tant qu'à Père, ma gorge se serra en pensant à la réaction qu'il aurait en apprenant la nouvelle.

    - Ton père est un homme intelligent et bon, me dit Matilda, je suis sûre qu'une fois que tu lui auras expliqué la raison de cette claque magistrale, il comprendra.

    - Mmmpff, grognai-je, m'étonnerai je ne sais pas du tout ce qui m'a pris, soupirai-je en me prenant la tête dans les mains, ce qui me fit grimacer de douleur.

    - Tu devrais peut-être aller à l'infirmerie, intervînt Susie, m'est avis que le gonflement rougeâtre de ta main gauche n'est pas naturel."

    Je regardai ma main gauche enflée et douloureuse. Susie avait certainement raison. N'empêche, je n'avais jamais levé la main sur qui que ce soit, et l'idée de frapper quelqu'un, même un type aussi arrogant que Drago Malefoy, me mit mal-à-l'aise. A quel moment au juste avais-je trouvé la force de répondre aux moqueries des Serpentard ? Je fus tirée de mes pensées par le fracas de la porte de la porte d'entrée. Un garçon de troisième année, un certain Terry Boot avec lequel je parlais épisodiquement, déboula comme un boulet de canon dans la paisible salle commune, les cheveux en bataille et les yeux exorbités de colère :

    "- QUELQU'UN PEUT-IL M'EXPLIQUER COMMENT SERDAIGLE A PU PERDRE 110 POINTS EN UNE APRES-MIDI ? Brailla-t-il.

    - T'inquiète, lança Lucy d'une voix paisible en me désignant, Tory nous a fait une petite poussée de Gryffondorite.

    - Explique, riposta Terry avec humeur.

    - Elle s'est cassé la main en collant une baffe à Malefoy."

    Il y eut un grand moment de silence, pendant lequel Terry ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, visiblement incapable d'imaginer la scène. Stewart et Andrew me regardèrent éberlués, tandis que les autres élèves se figeaient dans une attitude surprise. A cet instant précis je maudis Lucy d'attirer l'attention sur moi de cette manière. Je baissai la tête honteuse, m'attendant à une pluie de reproches. Quand Terry reprit la parole, sa voix était sèche :

    "- Astoria, tu as vraiment collé une claque à Malefoy ?

    - Oui, murmurai-je d'une voix morne la tête rentrée dans les épaules.

    - Impossible, souffla-t-il hagard.

    - Si c'est vrai, lança Stewart joyeux, j'ai vu Malefoy aller en cours de divination avec la joue enflée, c'est qu'elle ne rigole pas la petite Astoria quand elle colle une gifle, il a passé tout le chemin à se frotter la joue.

    - Pas tous le chemin, rectifia Padma, la journée, il a passé la journée à se frotter la joue, puis se tournant vers moi avec un grand sourire, tu sais que tu es la nouvelle héroïne des Gryffondor ? Même Harry Potter a dit qu'il n'aurait pas fait mieux !"

    Je relevai la tête éberluée. Les regards appréciateurs et les hochements de tête de mes camarades me firent un peu oublier mes inquiétudes. Terry Boot s'approcha de moi et me prit dans ses bras en guise de remerciements :

    "- Merci Astoria, tu ne te rends pas compte, mais ce type est une véritable plaie, il était temps que quelqu'un se charge de lui donner une bonne leçon, annonça-t-il d'un ton pompeux.

    - Bien joué Asto, lança Edward en quittant son livre de métamorphose pour lever le pouce.

    - Beau boulot ma grande, souffla Lucy fière comme Artaban.

    - Merci, me dit Susie, merci de m'avoir défendue Tory."

    Quand nous arrivâmes dans la grande salle pour le dîner, les Gryffondor nous lancèrent des sourires et des signes chaleureux auxquels je répondais par un hochement de tête discret. Je n'étais pas fière de moi, il n'y avait pas vraiment de quoi. Coller une baffe à un imbécile n'étais pas vraiment un exploit, mais la sympathie soudaine des gens autour de moi, me mit du baume au cœur. Les Serpentard me lancèrent des regards meurtriers que j'ignorais sans peine. Daphnée fulminait littéralement assise à l'autre bout de la table, le plus possible de son précieux Drago. Etait-elle en disgrâce ? Oui certainement, car c'était Pansy, l'infecte Pansy, qui cajolait le « pauvre amour ». Cette mascarade me fit pitié. Voir Daphnée, me lancer des regards meurtriers parce que ce fils à papa prétentieux et égocentrique l'avait rejetée me donna la chair de poule. Comment pouvait-elle se conduire comme ça ? Je la regardais sans comprendre. Puis, subrepticement je fus attirée par un regard noir, amusé et charmeur qui me fixait avec une curiosité intense. Blaise Zabini m'adressa un sourire éclatant. Etonnée, j'haussais des sourcils perplexes, qui n'eurent pour effet que d'agrandir son sourire amusé. Curieux garçon…vraiment particulier, pensai-je médusée. Il viendrait un temps où je m'en mordrai les doigts d'avoir osé toucher au fils Malefoy, mais pas ce soir…en remontant vers la salle commune le heurtoir à tête d'aigle nous lança une nouvelle énigme :

    "- Je suis la folie qui fait rêver les hommes et raisonner les fous, l'impossible que tous convoitent, l'illusion qui vous donne de l'espoir et de la force, je suis l'oiseau qui peut rugir.

    - Une chimère, lançai-je à toute vitesse.

    - Peut-être que c'est que tu es, dit Matilda d'une voix pensive alors que nous nous dirigions vers notre dortoir.

    - Pardon ? M'excusai-je, je ne t'ai pas suivi.

    - Je disais, peut-être que c'est ce que tu es, dit-elle en m'étudiant de son œil perçant, tu sais, j'ai pensé à ça quand tu as répondu à l'énigme du heurtoir, tu es peut-être un oiseau qui peut rugir."

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