• Chapitre 7 Mystère

    "- Vous copierez deux fois le texte approuvé, afin de retenir l'essentiel de la leçon d'aujourd'hui sur les Strangulots, pépia la voix suraigüe du Professeur Ombrage."

    Elle passa, affublée de son éternel tailleur rose bonbon devant la table que j'occupais avec Susie, et longea la rangée. Matilda, la regarda rapidement s'éloigner et se pencha vers moi en chuchotant à toute vitesse :

    "- Tu veux dire que Blaise sait que nous existons !"

    Elle arborait une mine extatique, tant la nouvelle la réjouissait. Depuis trois jours, elle me demandait de lui raconter en détail ma conversation avec l'insaisissable Serpentard. Son coup de cœur pour lui était si fort, qu'elle était incapable de parler d'autre chose, même l'histoire de la magie ne semblait plus la passionner.

    "- Matilda, pour l'amour du ciel, arrête de nous rabattre les oreilles avec Blaise ! Tory t'a déjà dit tout ce qu'il s'était passé, râla Susie en se penchant vers mon amie.

    - C'est vrai que ça commence à devenir un poil exaspérant," intervînt Edward, en gratifiant ma meilleure amie d'un regard courroucé.

    Je regardais cet échange avec un amusement non feint, quand je vis en lançant un coup d'œil par-dessus mon épaule le Professeur Ombrage se retourner pour revenir vers nous. J'échangeais un regard affolé avec Lucy qui tira, le plus discrètement possible, la manche de Matilda pour lui intimer le silence. Peine perdue, celle-ci s'était lancée dans une dispute avec Edward qui ne s'arrêta que lorsque la voix criarde d'Ombrage retentit à nouveau :

    "- Miss Montgomery, vous n'avez nullement besoin de parler pour recopier ce texte. J'enlève dix points à Serdaigle pour votre manque de sérieux.

    - Vieille peau de vache, grinça Lucy dans sa barbe.

    - Vous avez quelque chose à rajouter Miss Coburn ?

    - Rien du tout Mrs," répliqua-t-elle en feignant divinement bien l'innocence.

    Ombrage posa ses yeux soupçonneux sur elle avant de s'en détourner pour retourner siéger derrière son bureau. Je la regardais en tentant de ravaler le mépris qu'elle m'inspirait. Père m'avait dit dans l'une de ses lettres, tout le mal qu'il pensait de Dolorès Ombrage, une Sang-Mêlée arriviste et en quête de pouvoir, qui lui avait toujours inspiré la plus grande répugnance en dépit de ses manières onctueuses : « cette femme est une parvenue de la pire espèce, ma fille, sois en permanence sur tes gardes car elle essayera par tous les moyens de t'attirer vers elle. Dolores Ombrage, cherche à n'importe quel prix, à entrer dans la haute société. Ne lui laisse jamais l'opportunité de s'approcher de toi, car il n'en résulterait qu'une catastrophe » m'avait-t-il écrit en début d'année.

    Une fois de plus, je ne pouvais que rester admirative devant la sagacité de Père. Comment faisait-il pour comprendre si bien le monde qui l'entourait ? J'aurais aimé pouvoir maîtriser pareil don. Entre les conversations polies que j'entretenais avec Blaise Zabini, les regards haineux des autres Serpentards et mes relations avec les autres Serdaigles, il y avait des jours où j'aurai donné n'importe quoi, pour pouvoir me retrouver seule et faire le point.

    Je soupirais et reportais mon attention sur le livre de Défense contre les Forces du Mal, où l'illustration mouvante montrait un strangulot en train de broyer un malheureux poisson. Je passais le reste de l'heure à copier sagement mon texte, attendant patiemment la fin du cours le plus inintéressant de toutes mes années d'école. Les élèves se levèrent après un temps infini, dans un fracas de chaise et de grognements ennuyés qui firent bondirent le Professeur Ombrage. Soulagée de quitter l'atmosphère étouffante de la salle de classe je m'apprêtais à sortir quand un bruit métallique attira mon attention. Alors que je rangeais mes affaires, je vis un galion à quelques pas de moi. Un élève avait sans doute dû le faire tomber dans sa hâte. Surprise je me baissais pour le ramasser et l'observais attentivement:

    "- Qu'est-ce que tu fais Astoria ? Demanda Stewart en se penchant vers l'intérieur de la classe, allez viens, on doit aller en cours de métamorphose.

    - J'arrive," dis-je distraitement mon attention fixée sur la pièce.

    Je la regardais attentivement. A ma connaissance aucun élève ne se baladait avec de l'argent pendant les cours. Même pour les sorties à Pré-au-Lard, on allait tous retirer de l'argent au petit dépôt que Gringotts avait fait installer dans le village. Etonnée, je glissais la pièce dans ma poche et retrouvais mes amis, me promettant de le remettre à son légitime propriétaire.

    Le cours de McGonagall était comme toujours passionnant. Nous devions changer le papier en poupée, ce qui n'était pas une mince affaire. Il me fallut trois tentatives pour y arriver, ce qui me valut les compliments de la professeure de métamorphose.

    "- Excellent Miss Greengrass, dit-elle avec un sourire satisfait, votre persévérance est bien récompensée je vous félicite, dix points pour Serdaigle, dit-elle avant que son visage ne se décompose, par Merlin s'écria-t-elle en se tournant vers ses élèves de Gryffondor où le bruit sinistre d'une explosion venait de se faire entendre, Monsieur Crivey pouvez-vous m'expliquer comment votre bureau a pris feu ? Ajouta-t-elle en agitant sa baguette pour éteindre l'incendie.

    - Va savoir," chuchota Susie en pouffant de rire.

    Je souris aussi, il fallait croire que les Gryffondors n'étaient pas des élèves de tout repos. En dépit de cette bonne humeur, je gardais ma curiosité à l'esprit et continuais de me demander à qui pouvait appartenir ce mystérieux galion. Me tournant vers mes amies, pendant que le Professeur McGonagall avait le dos tourné, je leur chuchotais tout bas :

    "- L'une d'entre vous a-t-elle perdu un galion en cours de Défense contre les Forces du Mal ?

    - Un galion ? Reprit Matilda sincèrement surprise, non, enfin Tory tu sais bien qu'aucun élève ne garde d'argent dans le château.

    - Je sais, dis-je devant les mines ébahies de mes trois amies, mais j'en ai trouvé un en sortant du cours et je me demandai s'il n'était pas à l'une d'entre vous.

    - Fait voir", dit Lucy d'un ton neutre.

    Je sortis la petite pièce de ma poche et l'exhibais devant mes amies qui l'observèrent attentivement. La faisant tourner entre mes doigts je m'arrêtais soudain en fronçant les sourcils. Susie et Lucy s'échangèrent un regard entendu, tandis que Matilda m'observa attentivement :

    "- Qu'y a-t-il Tory ? Me demanda-t-elle inquiète.

    - Je…je ne sais pas, dis-je perplexe en soupesant la pièce, je…je crois que c'est un faux.

    - Quoi ? S'exclama Lucy.

    - Ça n'existe pas les faux galions Tory, dit Susie surprise en jetant des coups d'œil anxieux à Lucy, allons tu dis des bêtises.

    - Je t'assure que non, dis-je d'une voix assurée.

    - Qu'est-ce qui te fait dire que c'est un faux ? Demanda Matilda perplexe.

    - Il est trop léger pour être un vrai galion, dis-je perplexe, et regarde, il n'a pas de rainures sur l'extérieur.

    - Mais Tory, c'est impossible de fabriquer de faux galions ! "s'exclama Lucy.

    Je la regardais et crut voir une lueur de panique dans ses yeux noisettes. Elle jeta des regards fébriles à Susie, qui semblait absorber par la contemplation de la pièce, que j'avais tendue à Matilda pour qu'elle l'examine d'un peu plus près. Elle me donna l'impression de retenir son souffle, tandis que ma meilleure amie, tournait et retournait la pièce entre ses doigts fins, les yeux plissés et la bouche pincée. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Je fis de rapides allers retours entre mes deux amies, la mine perplexe, en ayant la très nette impression qu'elles nous cachaient quelque chose.

    "- Je crois que tu as raison Tory, énonça lentement Matilda.

    - Tu vois ! Triomphai-je en regardant Lucy qui se ratatina sur sa chaise.

    - Miss Greengrass, Miss Whitehorn et Miss Montgomery, pouvez-vous nous faire l'insigne honneur d'être attentives? Claqua la voix sèche du professeur McGonagall, à moins que ce ne soit trop vous demander ?

    - Pardon professeur", dis-je penaude en me retournant.

    Je passais le reste du cours à prendre des notes sur la métamorphose du papier en poupée, l'esprit occupé par ce galion. C'était un faux j'en étais certaine, mais la question était pourquoi un élève de Poudlard se baladerait dans le château avec un faux galion ? Certes les frères Weasley, avaient lancé, avec succès, un petit commerce de produits de farces et attrapes magiques, mais à ma connaissance, ils ne faisaient pas dans la fausse monnaie. Le risque de finir à Azkaban était sans doute assez dissuasif. Je sortais du cours songeuse, Matilda pensive à mes côtés.

    "- Les frères Weasley confectionnent-ils des faux galions à ton avis ? lui demandai-je.

    - Non, je ne pense pas, c'est ill…

    - Mais oui voilà c'est ça ! S'exclama Lucy avant que Matilda n'ait pu répondre, tu as dû tomber sur un des produits de Farces pour Sorciers Facétieux !

    - Lucy a certainement raison, ce doit être un de leurs tours, renchérit Susie, un faux galion ? Pourquoi pas après tout, ça aurait pu être pire Tory, tu aurais pu tomber sur une pastille de gerbe ! Dit-elle avant de partir dans un grand éclat de rire que je jugeai nerveux.

    - Qu'est-ce que c'est que ça ? Demandai-je incrédule.

    - Oh tu sais ça fait partie de toute leur gamme de produits ! Tu manges une moitié du bonbon et hop ! tout à coup te voilà pris de nausées, expliqua Lucy.

    - Mais c'est affreux ! S'exclama Matilda.

    - Mais non Bêta ! Dit Susie en feignant l'exaspération, ça te permet seulement de rater les cours, une fois que tu es sorti de classe, tu n'as qu'à avaler l'autre moitié du bonbon et tous les symptômes disparaissent ! Et tu as aussi les pastilles nez-en-sang, qui ont un effet des plus spectaculaires ! Un garçon de Poufsouffle l'a essayé l'autre jour pendant les cours de Divination, cette pauvre Trelawney ne savait plus du tout quoi faire !

    - Charmant, commentai-je.

    - Bon, il faut qu'on vous laisse, dit subitement Lucy, Susie et moi, on doit aller à la bibliothèque pour finir notre thème astral.

    - Ça a l'air passionnant ! Glissa Matilda avec un demi-sourire.

    - Oh et bien si tu prévois quelques morts atroces, des peines insurmontables et un ou deux miracles tu es à peu près sûr d'avoir la moyenne, alors on ne devrait pas avoir trop de mal à obtenir une bonne note, expliqua Lucy d'un ton désinvolte.

    - Et dire que vous êtes toutes les deux à Serdaigle !" M'apitoyai-je.

    Elles partirent dans la direction opposée en riant aux éclats. Je les regardais s'éloigner, un demi-sourire sur les lèvres. J'avais la très nette impression qu'elles mijotaient quelque chose toutes les deux, mais de là à savoir quoi ? Mystère…un mauvais pressentiment m'assaillit soudain, tandis que leurs silhouettes devenaient floues à l'autre bout du couloir. Pourquoi Susie et Lucy me cacheraient-elles quelque chose ? Elles étaient mes amies, mais une petite voix dans ma tête me souffla qu'il y avait des fossés que l'amitié ne pouvait combler à elle seule. Je fronçais les sourcils et soupirais. Non je devais sûrement rêver, j'imaginais des choses rien de plus.

    "- C'est encore ce galion qui te contrarie, me dit doucement Matilda en le retirant de sa poche ?"

    Elle l'avait caché quand McGonagall nous avait rappelés à l'ordre. Le regardant intensément elle finit par me le rendre, l'air préoccupé.

    "- Parce qu'il ne te préoccupe pas toi peut-être ? La taquinai-je.

    - J'avoue que ça me laisse perplexe, répondit-elle tandis que nous nous dirigions vers la tour de Serdaigle, qui aurait intérêt à faire de faux galions ? Et dans quel but ?

    - Je ne sais pas…mais, ma voix devînt soudainement hésitante tandis que je levai vers elle un regard inquiet, je crois que les filles nous cachent quelque chose, elles n'avaient pas l'air surprise quand j'en ai parlé, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qu'elles ne nous disent pas.

    - Alors je ne suis pas la seule à le penser," énonça Matilda d'une voix triste.

    Nous nous arrêtâmes dans le couloir du rez-de-chaussée pour nous regarder face à face. Il était rare que nous ne tombions pas d'accord, sur n'importe quel sujet, mais là, aujourd'hui, j'aurai aimé que Matilda mette en doute ma parole. Or, ce n'était pas le cas. Nous poussâmes un long soupir inquiet, en nous demandant à quel moment, les filles avaient jugé bon de ne pas nous faire totalement confiance.

    "- Astoria ?" Interpella Blaise depuis le fond du couloir.

    Je me tournais vers la haute silhouette de l'adolescent, qui avançait d'un pas leste vers nous. Il m'adressa un sourire timide et salua Matilda, qui prit une jolie teinte rose, les yeux scintillants d'émerveillement. Depuis ce jour, où il avait assisté à ma « correction » musclée par Malefoy, Blaise avait pris l'habitude de venir me parler de temps à autre, le plus souvent quand j'étais seule à la bibliothèque. Bien sûr, il ne s'agissait jamais de grandes conversations profondes sur la nature humaine, mais plutôt d'un échange poli et bref. J'étais assez surprise de le voir me parler ici, dans ce couloir bondé, où subitement toutes les conversations s'étaient arrêtées à sa vue. Comme à son habitude, il ne laissa absolument rien paraître, qui eût pu trahir une quelconque satisfaction d'être à ce point le centre de l'attention, même si je soupçonnais que c'était loin de lui déplaire.

    "- Euh…Blaise, voici Matilda Montgomery, ma meilleure amie, dis-je dans une tentative maladroite de présentation subtile.

    - Matilda, dit-il d'une voix grave et charmeuse.

    - Gnhumpf, articula péniblement ma meilleure amie qui semblait soudainement être prisonnière de sa gorge.

    - Astoria, dit-il après avoir adressé un sourire éclatant à mon amie qui reprit une magnifique teinte pivoine, je suis venu te chercher, Daphnée voudrait te voir.

    - Daphnée ? Repris-je éberluée.

    - Oui, acquiesça-t-il, ça a l'air assez urgent apparemment.

    - Et depuis quand tu es le messager personnel de ma sœur ? Demandai-je sceptique.

    - Depuis qu'elle me demande gentiment, et puis tu avais le choix entre moi et Parkinson", annonça-t-il d'une voix détachée.

    Je me tournais vers Matilda, qui me rassura, si elle ne s'était pas perdue en trois ans, il y avait peu de chance que ça se produise maintenant. A contrecœur, en lui adressant un sourire contrit je suivis le Serpentard. Voilà autre chose, pensai-je. D'abord Susie et Lucy qui font des cachotteries et maintenant Daphnée qui veut me voir ! Pourtant je n'avais rien fais récemment qui eût pu la mettre dans tous ses états. Depuis que Malefoy m'avait collé la frousse du siècle, je n'avais eu pas le moindre contact avec les Serpentards. Même, Pansy, ne me gratifiait plus de ses légendaires remarques caustiques. A croire que j'étais devenue transparente, ce qui, en un sens, n'était pas plus mal.

    "- Alors, little Greengrass, comment vas-tu ? Demanda Blaise d'un ton joyeux en traversant les couloirs à grandes enjambées.

    - Ne m'appelle pas comme ça ! râlai-je, j'ai l'impression d'entendre Malefoy.

    - Et ça te déplaît ?

    - T'as même pas idée !

    - Bon, dit-il d'un ton à peine plus sérieux, tu sais Malefoy n'est pas si méchant que ça quand on le connait.

    - Je n'ai pas du tout envie de le connaître", répliquai-je d'un ton ferme.

    Blaise pouffa et m'entraîna à toute allure dans le couloir. Mais il y avait apparemment une chose que le Serpentard n'avait pas prise en compte : ma maladresse. Au moment où il bifurqua sur la droite pour prendre les escaliers menant au deuxième étage, je me pris les pieds dans le tapis et m'effondrais lourdement dans un fracas phénoménal sur l'armure de Boris le Hagard, qui me tomba dessus, m'assommant à moitié. Mes livres volèrent partout autour de moi, et, comble de malchance, mon livre de soins aux créatures magiques réussit à arracher sa lanière et entreprit de me poursuivre tous crocs dehors, histoire de goûter mes mollets. Blaise se tourna prestement et lança un sortilège informulé qui immobilisa le livre.

    "- Quelle catastrophe tu fais ! Se moqua-t-il dans un rire homérique en contemplant l'ensemble des dégâts.

    - Oh ça va ! Râlai-je rouge de honte.

    - Soins aux créatures magiques hein ? Dit-il avec un sourire de connaisseur en saisissant le livre, t'inquiètes on est tous passé par là, toi aussi tu pourras frimer l'année prochaine ! Hagrid aurait mieux fait de rester garde-chasse si tu veux mon avis."

    J'étais bien d'accord avec lui. Certes Hagrid était très gentil et il rendait de nombreux services à l'école, mais c'était un professeur désastreux ! Il s'était mis en tête de nous faire élever comme projet de vie de classe, une créature qu'il avait appelé Gorgo. La « Gorgo » en question était en fait un croisement des plus dangereux entre une sphinge des montagnes cracheuse, son venin mortel était propulsé à une vitesse folle et agissait comme un acide surpuissant, et un céphalopode dont la carapace me faisait penser à de la Corne d'Eruptif. Autrement dit, un cocktail détonnant, dans tous les sens du terme ! Au moindre contact, on risquait soit d'être empoisonné, soit d'exploser, au choix…

    "- Tu as un problème pour tenir sur tes pieds ? Me demanda Blaise avec un sourire béat.

    - Mes problèmes de motricité ne regardent que moi, répliquai-je, aide moi plutôt à ramasser mes livres au lieu de japper comme une hyène.

    - Oh mais c'est qu'elle mordrait ! Siffla-t-il faussement impressionné.

    - Non, dis-je en souriant, moi je rugis, je suis un oiseau qui peut rugir, déclarai-je, enfin…selon Matilda.

    - La petite blonde adorable qui ne jure que par moi ? Dit-il d'un ton détaché en me tendant mon livre de Métamorphose.

    - Co…comment tu…

    - Oh Astoria ne sois pas si choquée veux-tu ? Ajouta-t-il amusé, je te promets de ne jamais en profiter."

    Il m'adressa un sourire charmeur qui me laissa de marbre. Ce qu'il pouvait être exaspérant ! Visiblement ce n'était pas la modestie qui l'étouffait ! Je ramassais mes affaires à toute vitesse en finissant de me dépêtrer de l'amure de ce bon vieux Boris, quelle idée au passage d'avoir mis cette relique ici, et me relevais aussi vite que possible, préservant au maximum le peu de dignité qu'il me restait. Blaise, amusé par mon manège, me regarda faire les bras croisé, une jubilation à peine dissimulée planté dans ses yeux noirs. Je détournais la tête boudeuse et m'apprêtais à reprendre mon chemin quand il m'interpella à nouveau.

    "- Astoria, chantonna-t-il mesquin, tu as oublié ton galion."

    Je me retournais brusquement et failli le heurter de plein fouet. Stupéfait, il recula, intrigué par ce soudain élan de ma part. Bien vite, je tendis la main pour me saisir de la petite pièce, mais mon changement d'attitude dû mettre la puce à l'oreille du rusé Serpentard. Il tendit le bras bien haut, pour éviter que je ne m'en empare et me darda d'un œil soupçonneux.

    "- Pourquoi tant d''empressement tout à coup ?

    - Pour rien, dis-je exaspérée, dans ma famille on dit qu'un galion c'est un galion et l'argent ça se conserve.

    - Tiens donc ! "S'étonna-t-il circonspect.

    Il observa attentivement la pièce, la faisant tourner plusieurs fois entre ses longs doigts fins, l'examinant et la soupesant avec précaution. Il me lança un regard interrogateur avant de me la rendre. L'intensité de ses yeux noirs me fit ciller, et c'est avec une main tremblante que je récupérais le mystérieux galion.

    "- Tu es au courant j'imagine, qu'il s'agit d'un faux Astoria ? Dit-il d'une voix neutre.

    - Oui marmottai-je.

    - Curieux, je n'aurai pas pensé que tu lances dans le trafic de fausse monnaie, ni dans l'escroquerie…on vous apprend de drôles de choses à Serdaigle. Pourtant, tu n'es pas à plaindre financièrement, tes parents sont loin d'être dans le besoin, je ne sais pas comment ils réagiraient si d'aventure, quelqu'un venait à les informer des étranges objets que tu transportes dans ton petit sac d'écolière.

    - Tu n'oserais pas ! Blêmis-je.

    - Non évidemment, répondit-il surpris, dans la mesure où ça ne me concerne pas, je ne vois pas pourquoi je m'en mêlerais, mais tu peux être sûre que Daphnée, elle n'hésitera pas une seule seconde avant d'envoyer Snowy prévenir tes parents.

    - Ce n'est pas ce que tu crois ! M'emportai-je paniquée, cette fausse pièce n'est pas à moi, je l'ai trouvé !

    - Trouvé ? Reprit-il surpris, où ça ?

    - Dans la salle de classe d'Ombrage, à la fin du cours, je pense que quelqu'un l'a fait tomber de son sac, je l'ai ramassée pour la rendre à cette personne.

    - Que voilà une action charitable ! Sourit Blaise caustique, il ne t'est pas venu à l'idée de la laisser sur le bureau d'Ombrage ?

    - Non, confessai-je, je pensais qu'elle était à l'une de mes amies.

    - Je vois."

    C'est alors que je ressentis un léger picotement dans la main qui se transforma vite en brûlure. Poussant un cri de douleur, j'ouvris légèrement ma paume, le temps pour Blaise de la saisir et de la porter face à son visage glacé. Surpris, nous regardâmes la pièce changer peu à peu d'aspect, jusqu'à ce que les nombres 15-04 apparaissent distinctement en rouge sur le galion. Abasourdie, je regardais Blaise sans comprendre tandis qu'il fronçait les sourcils.

    "- Qu'est-ce que c'est que ça Blaise ?

    - Un moyen de communication très efficace", répondit-il d'une voix absente, les yeux fixés sur le galion.

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